Mia Llauder recherche le dialogue, si on se réfère aux textes d’esthétique qu’elle cite. Cela nous éclaire sur son projet artistique, elle l’exprime avec subtilité dans la matière.
Mia partage un atelier avec Joan Serra. Cela ne paraît pas un hasard, le lien féminin-masculin est présent, tant dans les matériaux utilisés, papier et tissus, que dans leur mise en espace, la répétition des modules. Pour Joan Serra, les matériaux sont insérés à la matière, brûlés au feu des cuissons. La pièce céramique elle-même devient une empreinte, le résultat d’un cheminement dont ne subsistent que les éclats, poussière de matériaux incrustée dans la masse, donnant au modelé un mystère particulier.
L’œuvre de Mia est faite de ces mêmes liens qui restent visibles, de fils réunis dans un espace proche, avec un désir d’infini, l’image d’une gestation et d’une naissance.
Elle aime la géométrie des formes, la diversité des angles et des cercles dans une harmonie recherchée.
Entre technique ancestrale, portée par le matériau même de la terre, et sa propre vitalité, Mia exprime un espace social, personnel, sa modernité et la vision propre aux artistes qui leur fait dépasser une simple réalité.
Les formes sont des liens suspendus, des alvéoles enchevêtrées. En même temps qu’un rêve d’infini, elle accroche ces éléments les uns aux autres, liant le rude et le doux, la blancheur à la couleur, le noir à l’or, la matité à la brillance pour leur garder une sorte de conformité. On traverse les mondes, du solide aux béances du vide, de la matière porcelaine fragile à la rudesse de la corde, des formes imaginaires à celles suggestives d’un univers végétal ou animal.
Comme pour exprimer la fragilité et la permanence de notre condition, les petites formes de porcelaine nous ramènent à un art primitif où l’objet est transformé en symbole, avec des accents de rituel.
Mia Llauder crée des mobiles, des tapis, des plats, si éloignés de leur dénomination et de l’usage commun qu’ils prêtent au jeu et à la réflexion. Elle se complaît dans cet entre-deux.
Danielle Cohen / mai 2017.
Port Vendres
Mia LLauder.
Joan Serra.
per més informació cliqueu aquí